- voluntaire
- I.Voluntaire, Voluntairement, Volunté, Voluntiers, cerþchez Vouloir.II.Voluntaire, com. gen. penac. Est dit celuy ou celle qui se meuvent à faiþre ou dire quelque chose de leur franche et bonne volonté, et comme les notaires disent, sans induction, force ne contrainte aucune. Selon ce és galeres ausquelles les bancs ne sont totalement fournis de forçaires (ou forçats, ains ont des hommes stipendiez pour tirer la rame et voguer parmi iceux forçaires) on fait distinction entre les rameurs de la ciurþme, disans qu'il y en a de volontaires (lesquels és mers de levant on nomme de buona voglia) et de forçaires) et és armées de terre, Voþlontaires sont dits ceux qui ne sont enroolez de levée sous nul Capitaiþne, ni ne prennent solde, ains y sont sans devoir de serment de levée et de leur gré, lesquels on veult dire estre ceux qu'on appelle Advenþturiers, et telle espece de soldats que les Latins appeloyent Volones. Mais la raison de l'indisposition dudit mot Latin y repugne, car ils fuþrent ainsi nommez du verbe Latin Volo, Non par ce que de leur propre mouvement et sans contrainte des consuls de Rome ils allasþsent à la guerre: ains d'autant qu'estans enquis s'ils y vouloyent aller servir la Republique, ils respondoyent, Nous le voulons, et tels solþdats appelez Volones, estoyent serfs, achetez de l'argent des cofþfres de la Republique, afin de l'aller servir à la guerre. Ce que Tite Live en ditte tant au 22. li. en ces mots, Et aliam formam noþui delectus, inopia liberorum capitum ac necessitas dedit. Octo millia iuuenum validorum ex seruitiis, prius sciscitanþtes singulos, vellentne militare; empta publice armauerunt. Hic miles magis placuit: quum pretio minore redimendi captiþuos copia fieret. Que au 23. livre, disant: Itaque legatis Tribuþnisque praeceperat, ne qua exprobratio veteris fortunae, cuiþquam discordiam inter ordines sereret, vetus miles tyroni; liber, voloni sese exaequari sineret, omneis satis honestos, geþnerososque ducerent, quibus arma sua, signaque populus Romanus commisisset. Quae fortuna coegisset ita fieri, eanþdem cogere tueri factum. Ea non maiore cura praecepta ab ducibus sunt, quam a militibus obseruata, breuique tanta concordia coaluerunt omnium animi, vt prope in obliuionem venirent qua ex conditione quisque miles esset factus. Et peu apres parlant desdits Volons: Senserat tamen Hibernis egrediens, murmur in agmine esse, quaerentium nunquam ne liberi miþlitaturi essent. Scripseratque senatui, non tam quid desideraþrent, quam quid meruissent, bona fortique opera eorum se ad eam diem vsum neque ad exemplum iusti militis quicquam eis praeter libertatem deesse. Par lesquels passages de T. Live appert que les Romains n'enroolloient d'ordinaire pour leurs camps et armées, si n'est hommes francs de condition, si l'extreme necessité ne les rengeoit à enrooller des esclaves, et que tels volons n'estoient de droict militaire usité entre les Romains, vrais et legitimes soldats, et que ce tiltre de Miles, n'appartenoit qu'aux soldats de franche condition. Ce qui nous peut servir de reigle. Quant aux roturiers tenans fiefs qui rendent service personel aux bans et arrierebans, soit pour ne les tenir en moindre estiþme que les nobles, Si bona fortique eorum opera in bello rex vtiþtur. Soit pour dire que quand en conseil, grandeur de coeur et prouësþse ils ne different des gentils-hommes: ils ne leur defaut rien pour estre vrais hommes d'armes, que la seule qualité de noblesse. Volontaire aussi est appelé l'homme ou la femme, qui est aisé, soudain et prompt à vouþloir faire toutes choses qu'on luy veut suggerer et mettre en la teste. Propensus, facilis, pronus ad quamlibet rem suscipiendam.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.